Les pompiers de la Gironde, victimes d’un vol de 1550 litres d’essence à leur caserne, entre août et septembre, étaient défendus par Maître Guillaume Sapata. Marie-Hélène Hérouart/ Le Figaro
Publié le 11/10/2023 à 18:54, mis à jour le 13/10/2023 à 10:06
Les bras croisés dans le box des accusés, le prévenu minimise les faits qu’il a reconnus durant ses auditions. Placé sous OQTF à l’issue de sa dernière garde à vue, Hugo V.G. a été déféré au tribunal de Bordeaux, mercredi. Il est accusé d’avoir volé pour 39.600 euros de câbles électriques sur l’échangeur 4, d’avoir agressé au couteau une personne dont il siphonnait le réservoir et d’avoir volé, en réunion, 1550 litres d’essence aux pompiers de la Gironde. Ces derniers ont déposé plainte à neuf reprises.
Des infractions, commises entre le 8 août et le 9 octobre 2023 à Bordeaux, pour lesquelles il a été reconnu coupable et condamné à dix mois d’emprisonnement avec mandat de dépôt. Les 19 et 20 janvier derniers, le quadragénaire avait déjà été condamné à une amende et une peine de prison avec sursis pour le vol de dix bidons d’essence aux préjudices du SDIS 33 et d’une entreprise bordelaise.
SDF et toxicomane
Consommateur d’héroïne, de cannabis et d’alcools en tous genres, Hugo V.G. reconnaît aussi une addiction à la cocaïne, qui a commencé quand il avait 14 ans. Le Portugais, qui vit sous les ponts de Bordeaux, en ingère trois grammes par jour, soit une dépense journalière de 200 euros – pour laquelle il était aussi jugé. «C’est un pauvre hère comme on en a beaucoup. Une personne addicte qui a touché le fond. C’est un professionnel du siphonnage certes, mais vous n’êtes pas face à la tête d’un réseau de vols organisé», l’a défendu Pascale Sadoux-Allard, son avocate.
Une lecture des faits non partagée par le parquet de Bordeaux et les avocats du SDIS 33 et de la Direction interrégionale des routes atlantiques (Dira), qui se sont constituées parties civiles. «Hugo V.G. a fait du vol son véritable mode de vie et s’inscrit dans les réseaux classiques de vols les plus rémunérateurs. Il faut que le vol lui coûte plus cher que ce qu’il lui rapporte», a ainsi tonné le Ministère public, qui avait requis 15 mois de prison avec mandat de dépôt.
Confus dans ses propos en audience, le suspect a assuré durant son enquête de personnalité qu’il n’avait jamais eu affaire à la justice malgré ses précédentes et récentes condamnations. Un relativisme de ses actes qui a conduit le parquet à insister sur la nécessité de «neutraliser» un individu dangereux, qui agresse au couteau le propriétaire de la voiture qu’il est en train de siphonner quand il est pris sur le fait… Et qui, surtout, ne comprend pas que «s’il y a un incendie ou une urgence vitale grave au lendemain de son vol, les camions de pompiers ne peuvent pas démarrer».
Surnommé Portos, Hugo V.G. était connu dans le quartier comme le revendeur de carburant volé qui claudique. Il a été confondu grâce à sa démarche boiteuse et aux signalements de riverains, restés anonymes par crainte de représailles, à qui il proposait ledit gazole volé en se vantant de l’avoir subtilisé aux pompiers de la Gironde. Selon Guillaume Sapata, l’avocat du SDIS 33, le condamné qui a été arrêté en possession de plusieurs bouchons de réservoir de camions de pompiers, alimentait un trafic de carburant à Bacalan, organisé notamment via Snapchat.
Me Guillaume Sapata a ainsi plaidé pour le remboursement intégral des litres de carburants volés aux soldats du feu, soit 8827 euros, et un euro symbolique pour leur préjudice moral, en plus du remboursement des frais de justice de son client. L’agent judiciaire de l’État, qui représentait la Dira, a obtenu le renvoi de l’évaluation de son préjudice au 15 février 2024. La personne agressée au couteau, absente durant l’audience, ne s’était pas constituée partie civile.