Jugé en comparution immédiate à Bordeaux ce 2 mai, le jeune homme a été condamné à dix-huit mois de prison ferme. © Crédit photo : Stéphane Lartigue/ « Sud Ouest »
Par Elisa Artigue-Cazcarra – e.cazcarra@sudouest.fr
Publié le 02/05/2022 à 22h05
Mis à jour le 02/05/2022 à 23h33
En sortant d’une audience, le garçon de 18 ans s’est déchaîné sur trois policiers, dont une jeune femme, dans les sous-sols du tribunal, jeudi 28 avril. Il était jugé et a été condamné, ce lundi 2 mai
Il porte la moustache et le bouc naissants d’un garçon de 18 ans à la pilosité clairsemée. Sous ses traits enfantins, il monte vite en pression, lance des « Oh ! », « Que dalle ! » au président du tribunal. Ce 2 mai, Mathéo Couzinet était jugé en comparution immédiate pour un accès de violence dans les geôles du palais de justice de Bordeaux, le 28 avril. Trois policiers, dont une adjointe de sécurité, ont subi ses foudres. Crachats, insultes, coups de poing ont plu sur eux. Bilan : des incapacités de travail de 1 et 2 jours. Présente à l’audience, la jeune femme sanglote. « Elle est très marquée et s’interroge sur les suites de sa carrière dans la police. Elle n’a que 25 ans. Subir cette violence devient trop pour elle », explique l’avocat des parties civiles, Me Sapata.
Jeudi 28 avril, Mathéo Couzinet comparaissait devant la cour d’appel pour un vol avec arme dans un magasin des Grands-Hommes, à Bordeaux, en janvier. Malgré ses dénégations, il a été condamné à trois ans de prison en première instance, fin mars.
L’audience d’appel s’est tenue sans problème. Jusqu’au retour dans les geôles. « Vous êtes passé parmi les premiers et vous avez donc été ramené au dépôt, en attendant d’être reconduit au centre pénitentiaire », expose le président, Gérard Pitti. « Selon un policier, vous lui avez demandé si vous alliez rester longtemps, il vous a répondu ‘‘sans doute quelques heures’’ et vous avez commencé à l’insulter, poursuit le magistrat. Vous auriez ensuite réclamé violemment du papier toilette. Deux agents sont venus, vos insultes seraient montées crescendo, vous auriez craché sur l’un et distribué des coups à ceux qui tentaient de vous maîtriser. Reconnaissez-vous ? »
« J’ai monté le ton parce que j’ai demandé un truc et qu’on ne me répondait pas », réplique Mathéo Couzinet, qui accuse un policier d’injures à son égard. Et conteste les violences sur la policière. « J’ai pété un plomb, mais je n’ai pas tapé une fille. » Cinq agents seront nécessaires pour le contenir.
Déjà en décembre
« Il ne se rappelle même pas de l’une de ses victimes, c’est dire dans quel état il était », souligne Me Sapata, pour qui le prévenu n’est pas un inconnu. En décembre, l’avocat assistait trois policiers « envoyés au tapis » par Mathéo Couzinet. Il avait dégoupillé après une audience devant un juge des enfants. « Il est hors de question de banaliser ces violences. Les policiers n’ont pas signé pour ça. Leur mise en cause systématique est inacceptable », tonne la procureure, qui rappelle les 11 mentions au casier du jeune homme et requiert trente mois ferme.
« Sans cautionner », Me Julie Gabinski, en défense, revient sur le contexte. « Mathéo sortait d’une audience lourde en charge émotionnelle. Toute sa famille, déconstruite, était là. Pour une fois. Sa mère alcoolique, ses sœurs, placées comme lui dès leur plus jeune âge, la maman de sa petite copine. Mathéo a cette difficulté quand il déborde d’émotion : à la moindre remarque, il peut exploser. » Il a été condamné à dix-huit mois de prison ferme, maintenu en détention et devra verser 3 900 euros aux trois policiers pour leurs préjudices.