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Il blesse un policier lors d’un refus d’obtempérer aux Aubiers à Bordeaux : 18 mois de prison ferme

Par Jean-Michel Desplos

Publié le 03/09/2024 à 5h00.

Mis à jour le 03/09/2024 à 8h51.

Le jeune automobiliste qui a gravement blessé un policier au volant d’une voiture volée mardi dernier a été déféré devant le tribunal correctionnel ce lundi

Il y a tout juste une semaine, des policiers de la Compagnie départementale d’intervention (CDI) étaient violemment pris à partie dans le quartier des Aubiers, à Bordeaux, à la suite d’un refus d’obtempérer. Des jeunes du secteur venus en renfort du chauffard qui avait pris la fuite à pied ont jeté de nombreux projectiles en direction des forces de l’ordre.

Lundi 26 août, en fin de journée, un jeune homme a pris la fuite devant un contrôle. Il a été interpellé et sera déféré ce samedi 31 août au parquet

Les policiers ont dû faire usage de gaz lacrymogène, alors qu’ils venaient d’interpeller les deux passagers du véhicule ayant terminé sa course contre un feu de signalisation sur la ligne du tramway, cours du Québec.

L’équipage de la CDI avait déjà croisé quelques jours plus tôt ce même véhicule Peugeot 2008, signalé volé au mois de juin et muni de fausses plaques. Le conducteur avait réussi à disparaître dans les ruelles des Aubiers.

Un policier chute lourdement

Mardi dernier, vers 17 h 30, ils ont tenté de le bloquer, à nouveau sans succès. L’automobiliste a accéléré violemment puis percuté le fourgon de la police, avant de perdre le contrôle et d’emboutir la voiture. Extrait de l’habitacle, il s’est violemment débattu et a repoussé un des agents qui a lourdement chuté, se blessant grièvement à un genou. Premier bilan médical : 45 jours d’incapacité totale de travail (ITT).

« Cette situation aurait pu se terminer en véritable émeute », s’agace David Meleuc, le président d’audience des comparutions immédiates, devant laquelle comparaît, ce lundi 2 septembre, le jeune chauffard pour répondre de conduite sans permis, refus d’obtempérer aggravé par la mise en danger de la vie d’autrui, recel de vol, usurpation de plaques d’immatriculation, rébellion et transport de stupéfiants.

L’homme de 27 ans qui avait fui en emmenant son fils et l’enfant de sa compagne est toujours entendu par les enquêteurs

Dans le box, Oumarou Kaly, tout juste âgé de 18 ans, montre un tout autre visage que celui d’un délinquant chevronné. Il s’exprime parfaitement, présente ses excuses et dit « ne pas savoir que la voiture était volée » et qu’il transportait des produits stupéfiants.

« Cette situation aurait pu se terminer en véritable émeute »

Le jeune homme raconte qu’il faisait « juste des petits tours » au bas de chez lui pour apprendre à conduire avant de passer le permis. Il se filmait à l’intérieur et diffusait des vidéos sur les réseaux sociaux. « J’ai pris des snaps, rien de méchant. Cette voiture, je l’ai prêtée à tout le quartier. Les jours précédents, ce n’était pas moi. »

« J’ai pris peur »

« Mais pourquoi avoir pris la fuite ? », interroge le président. « Je n’ai pas le permis, j’ai pris peur. J’ai paniqué et tourné le volant. Je venais de bénéficier d’un non-lieu dans une affaire où je n’y étais pour rien et je ne voulais pas causer de nouveaux soucis à mes parents. »

Partie civile pour le policier blessé, Me Guillaume Sapata fait allusion à « de récents faits divers qui trouvent leur source dans de tels comportements ». Le procureur Pierre Arnaudin parle « d’une situation inquiétante dans un quartier sensible » et requiert un an de prison, dont 6 mois avec sursis probatoire.

« Ne pas faire d’amalgame », demande Me Andéol Brachanet sur le banc de la défense. « On ne peut pas ignorer l’actualité, mais on ne peut pas mettre tous les dossiers dans le même panier. » Concernant les 25 grammes d’herbe de cannabis, 44 grammes de résine et 21 grammes de cocaïne, l’avocat rappelle que l’un des passagers, mineur, en a revendiqué la possession.

« La prison, c’est traumatisant pour quelqu’un de mon âge, j’aimerai que l’on me comprenne », lâche le prévenu qui affirme « ne pas se souvenir d’avoir bousculé un policier ».

Dans son délibéré, le tribunal a condamné Oumarou Kaly à 18 mois de prison ferme avec maintien en détention.

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