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« Des terroristes vont venir vous tuer » : une jeune femme jugée à Bordeaux pour avoir menacé des policiers

Par Florence Moreau

Publié le 09/10/2024 à 6h00.

Retrouvée endormie dans une maison occupée illégalement, vendredi 4 octobre, une jeune femme était jugée ce mardi 8 octobre par le tribunal correctionnel de Bordeaux pour dégradation, outrage et menaces de mort envers des policiers

« Les trucs terroristes, c’est pas moi qui les ai dits. Ou c’était l’énervement. Mais j’ai pas menacé, j’ai rien cassé, j’ai juste outragé les policiers. » Dans le box, crop top rose à manches longues et moue boudeuse, une jeune femme fait face aux juges du tribunal correctionnel de Bordeaux. Interpellée vendredi 4 octobre à Bordeaux dans une maison où elle n’avait rien à faire, elle est jugée quatre jours plus tard.

Le 11 octobre 2021, un cycliste se fait tirer dessus dans la campagne, à Coutras. Trois ans plus tard, deux hommes de 66 et 73 ans sont jugés devant les assises, depuis ce 7 octobre. Le mobile : le plus jeune n’aurait pas supporté une rupture amoureuse et voulu éliminer celui qu’il considérait comme son rival

Ce matin-là, la propriétaire d’une échoppe inhabitée depuis l’été et destinée à son petit-fils vient faire un peu de ménage et de rangement. La sexagénaire ne tarde pas à constater que la chaudière a été remise en marche, que le réfrigérateur a été rebranché et que la douche a été utilisée. Poursuivant sa progression dans l’habitation, elle trouve la porte de la chambre close. Elle alerte alors les policiers qui délogent et interpellent la prévenue et un mineur qui s’étaient installés.

« Flot discontinu d’insultes »

Elle assiste alors à une scène de violence verbale qui l’a traumatisée au point de ne pouvoir assister à l’audience. Car les deux jeunes se débattent et se mettent à crier, hurler, cracher des insultes et des menaces aux policiers. « Des terroristes vont venir vous tuer », « Français de m… ! », « Allahou akbar », « Fils de p… ! », etc.

« Au début, les policiers n’ont pas relevé l’outrage », fera valoir Me Guillaume Sapata, avocat des fonctionnaires. « Mais ils s’y sont résolus face au flot discontinu d’insultes et de menaces qui a duré plus d’une heure. » Le mineur est convoqué devant le tribunal pour enfants. La jeune femme doit batailler seule dans le box.

« J’étais dans la rue, je pleurais quand mon ex est arrivé. Il a vu ma faiblesse, il m’a droguée »

« Pour de vrai, il est majeur », tacle la prévenue. Abandonnée par sa mère avec sa fratrie devant un commissariat quand elle avait 5 ans, placée en famille d’accueil, entraînée par de mauvaises fréquentations, plongée très jeune dans l’addiction et la délinquance qui va avec, aidée par sa famille, désormais hébergée par son père, hospitalisée en milieu psychiatrique, la jeune femme est mère d’un garçon de 10 mois né en détention et placé chez sa tante. Son ventre arrondi trahit une deuxième grossesse en cours.

Six mois ferme

« Mon compagnon, dont je suis enceinte, était en garde à vue la semaine dernière. J’étais dans la rue, je pleurais quand mon ex [le mineur] est arrivé. Il a vu ma faiblesse, il m’a droguée, il m’a amenée dans cette maison et j’ai dû dormir vingt-quatre heures et puis la police est arrivée. »

« Ce n’est pas la première fois, certes, que je vais en prison, mais depuis un an je n’y étais pas retournée et je me suis apaisée. » Elle tente de faire des belles phrases et ne lâche plus le micro. Elle n’a pas l’habitude d’être entendue, alors elle parle vite et fort, dans tous les sens, de peur d’être interrompue.

Un voleur à la roulotte qui finit écrasé entre un poteau et un 4×4, son fils embarqué de force dans une voiture et un trio qui a eu la bête idée de se faire justice lui-même. Mercredi 2 octobre, une affaire rocambolesque, survenue en septembre 2023 à La Teste-de-Buch, était jugée en correctionnelle

« Ils ont été insultés et menacés de mort en des termes fleuris et de grande classe. En récidive », résumé la substitute du procureur, Amara Ly. Elle requiert douze mois de prison dont six de sursis probatoire et propose un placement en semi-liberté.

« Ce qu’il faut, c’est une alternative à la prison, pose Me Naji Medawar. Sa tante peut l’héberger. Son fils l’attend dehors. Même sa mère s’est manifestée en appelant mon cabinet ! Elle peut se sortir de tout ça. » Le tribunal a condamné sa cliente à six mois de prison ferme. Sans maintien en détention.