Une quinzaine de policiers sont venus assister au procès à Bordeaux en soutien à leur collègue agressé. © Radio France – Jules Brelaz
Mardi 14 juin 2022 à 20:39 – Par Jules Brelaz, France Bleu Gironde, France Bleu
Le 30 avril 2022 à Bordeaux, le fonctionnaire de police hors service avait été roué de coups sous les yeux de son épouse et de ses deux filles.
Un mois et demi après les faits commis à Bordeaux, l’agresseur d’un policier en civil écope ce mardi 14 juin de trois ans de prison ferme. Le tribunal correctionnel a suivi les réquisitions du parquet qui réclamait « une peine extrêmement lourde« . Une quinzaine de policiers étaient présents à l’audience en soutien à leur collègue.
Le procureur fustige « une violence extraordinaire »
Dès le début du procès, l’audience a été marquée par la projection dans la salle de la vidéo de l’agression. Des images filmées par une voisine depuis sa fenêtre. Dans cette séquence de 37 secondes, on voit le prévenu asséner des coups de poing et des coups de pied à un fonctionnaire de police hors service de 49 ans, sous les cris d’horreur de ses deux enfants. Une bouteille de vin est fracassée sur le crâne de la victime. « Il a été littéralement scalpé« , lance l’avocat des parties civiles.
Sale flic, sale merde, reste par terre
Ce 30 avril 2022, après un déjeuner en famille dans un restaurant du cours de la Martinique à Bordeaux, le gardien de la paix en civil marche tranquillement sur le trottoir, « bras dessus bras dessous avec sa compagne« , derrière leurs deux adolescentes. Le couple guilleret est alors pris à partie par un Talençais de 32 ans. « Ils m’ont pointé du doigt en rigolant« , affirme le prévenu en détention provisoire depuis les faits. « Pour calmer la situation« , le policier bordelais montre sa carte professionnelle mais le geste a « l’effet inverse« , provoquant « une avalanche de coups inouïe », selon son avocat Guillaume Sapata.
Témoin de la scène, la fille du policier « en cauchemarde encore »
Le gardien de la paix se lève pour témoigner à la barre du tribunal. « J’y pense tous les matins« . L’une de ses filles s’avance elle aussi. « C’est un acte impardonnable« , dit-elle. Tous deux sortent de la salle lors de la projection de la vidéo de l’agression. Les images sont également insoutenables pour l’un des témoins. Un jeune barman blessé en tentant de s’interposer.
Quand je vois la vidéo, je suis pas fier de moi
Devant les images qualifiées d' »absolument intolérables » par le parquet, le prévenu dit avoir lui-même « l’impression de voir une scène de crime« . « Quand je vois la vidéo, je suis pas fier de moi« . Déjà condamné pour délits routiers et outrages, le Talençais finit par adresser ses excuses aux enfants du policier. Le trentenaire, père d’un enfant de 12 ans, tout comme ses proches, n’ont pas caché leur colère à l’énoncé du délibéré. Trois ans ferme, une peine qualifiée de « sévère » par la défense.
« Ce garçon, il était condamné avant même de rentrer dans son box »
« C’est peut-être la chronique d’une condamnation annoncée« , indique Antoine Fugas, l’un des avocats du prévenu qui regrette « le déferlement médiatique » autour de l’affaire. « Dans ce dossier, on a un garçon qui n’est pas connu de la justice pour des faits de violence« . Une condamnation à trois ans ferme, « c’est un peu rude pour lui, si vous voulez. »
« Le Procureur de la République a demandé une peine exemplaire (…) Moi, je connais les peines du code pénal (…) il n’est nulle part dit dans le code qu’une peine doit être exemplaire« , ajoute l’avocat inscrit au barreau de Bayonne.
« Le contexte politique n’est pas neutre dans ce dossier. » La défense estime qu’il ne « [fallait] pas céder à l’envolée de la peine parce que vous avez une cohorte de collègues de ce monsieur (le policier agressé, ndrl) qui étaient, on l’a vu, dans l’entrebâillement de la porte« , conclut Me Antoine Fugas. Sa consœur Marie-Caroline Blaise indique que leur client devrait faire appel.
Une quinzaine de gardiens de la paix ont assisté à l’audience en soutien à la victime. Le syndicat de police Alliance qui dénonçait au moment des faits un lynchage se dit « satisfait » de la condamnation.