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Sud Ouest : Cenon : deux ans de prison ferme pour avoir menacé des policiers avec un couteau

Me Guillaume Sapata, avocat des quatre policiers, parties civiles. © Crédit photo : J.-M. D.

Par Jean-Michel Desplos – jm.desplos@sudouest.fr
Publié le 24/02/2022 à 21h22

Samedi 19 février, des policiers de la brigade anticriminalité ont été pris à partie par un individu dangereux. Ils ont fait usage du pistolet à impulsion électrique pour le maîtriser

Pour les policiers de la brigade anticriminalité (Bac) de la division Est, la scène de quatre minutes a duré une éternité. Samedi 19 février, lorsqu’ils sont appelés pour intervenir à l’arrêt de tramway Palmer à Cenon, où un homme armé d’un gros couteau, de type poignard, gesticule devant des passants, ils ne pensaient pas se trouver confrontés à une situation aussi périlleuse.

Face à eux, l’individu brandit la lame et se montre particulièrement menaçant sous les yeux des plusieurs personnes qui attendent le tramway. Les policiers, munis de leur brassard et de leur arme de service, lui intiment l’ordre de lâcher son couteau, mais il n’obtempère pas. C’est un tir au moyen du pistolet à impulsion électrique qui permettra de l’interpeller et de le placer en garde à vue avant qu’il ne soit transféré à Cadillac dans le cadre d’une procédure de soins psychiatriques sur décision d’un représentant de l’État (SPDRE).

Examiné par un nouvel expert il est finalement déclaré pénalement responsable et s’est ainsi retrouvé dans le box des prévenus du tribunal correctionnel de Bordeaux, ce jeudi 24 février.

Mutique en garde à vue

« Il était très déterminé, depuis plus de trente ans que je suis dans la police, je n’avais jamais vu ça », témoigne un policier à la barre du tribunal. « Quand nous sommes arrivés, il était assis et nous a lancé un regard noir, haineux » , raconte un autre fonctionnaire de la Bac. « Il avait les mâchoires serrées et tenait le couteau à la façon d’un militaire qui pratique la technique du combat rapproché. » Les policiers ont fait preuve de sang-froid et maîtrisé la situation. « C’est une scène qui transpire la dangerosité », observe le président d’audience des comparutions immédiates, David Meleuc.

« Il nous a lancé un regard noir, haineux et tenait le couteau à la façon d’un militaire »

« On a vite compris que cela allait être difficile d’instaurer quelque chose entre lui et nous, poursuit un policier. On ne savait pas à qui l’on avait affaire. »

En garde à vue, l’individu se montre totalement mutique et il est difficile de l’identifier. C’est à l’hôpital de Cadillac que la police et le parquet sauront qu’il s’agit de Merabi Askurava, un Géorgien de 34 ans, arrivé en France fin novembre.

Installé à Bordeaux, il vit dans un squat et ne travaille pas. « Si j’ai la chance de sortir d’ici, je quitterai le pays », dit-il en direction de ses juges par la voix d’une interprète. Il explique que, le jour des faits, il se rendait chez un proche à Pessac pour lui porter le couteau. Il se dit « étonné » de son comportement et affirme ne pas avoir voulu blesser les policiers.

Tentative de dialogue

« Ils ont su analyser la situation et sont allés jusqu’au point de rupture », souligne Me Guillaume Sapata, avocat des quatre policiers de la Bac, parties civiles. « Ils ont été menacés dans leur intégrité physique et ont tenté de dialoguer avec cet individu », insiste la magistrate du parquet qui réclame trois ans de prison dont un an avec sursis. Merabi Askurava, groggy par ces réquisitions, se prend la tête à deux mains. « Il y a une dissociation entre son corps et son esprit. Il n’a rien compris de ce qu’il se passait », plaide son avocat Me Sylvain Bouchon qui demande au tribunal de prononcer l’irresponsabilité pénale.

Au regard des expertises psychiatriques de la procédure, le tribunal a considéré qu’il n’était pas établi que les facultés mentales du prévenu n’étaient pas abolies au moment des faits et a prononcé une peine de deux ans de prison ferme avec mandat de dépôt à son encontre.

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