La jeune femme était employée à des tâches administratives du vaccinodrome depuis le 1er septembre. © Crédit photo : Archives Guillaume Bonnaud / “Sud Ouest”
Par Elisa Artigue-Cazcarra – e.cazcarra@sudouest.fr
Publié le 22/09/2021 à 22h11
Jugée en correctionnelle ce mercredi 22 septembre, une Bordelaise de 19 ans, employée au vaccinodrome, a été déclarée coupable d’escroquerie par un chargé de mission de service public. Elle a édité une vingtaine de faux certificats de vaccination pour des proches
Une Bordelaise de 19 ans, employée comme contractuelle au vaccinodrome de Bordeaux depuis le 1er septembre, a été condamnée en comparution immédiate à 18 mois de prison avec sursis, après avoir édité 24 faux certificats de vaccination au profit de 16 personnes, des membres de sa famille et des amis. Le tribunal n’a pas suivi les réquisitions de 18 mois de prison dont six ferme avec mandat de dépôt.
Cette affaire intervient un mois après un précédent dossier de fraude aux passes sanitaires au vaccinodrome de Bordeaux. Deux éléments ont entraîné l’alerte de la police judiciaire. Le 19 septembre, le médecin-référent du site a découvert qu’une vingtaine de faux certificats avaient été rédigés en son nom.
« Les identités des vaccinés ne correspondaient à aucun rendez-vous. Les certificats renvoyaient vers un faux numéro de lot de vaccins. Ont aussi été relevées des dates d’injections incohérentes, parfois deux le même jour », détaille la présidente Chovin. Le 18 septembre, de premiers soupçons avaient été révélés par une contractuelle. Elle avait trouvé dans la corbeille de son ordinateur de fausses attestations et avait prévenu sa hiérarchie.
« Pour aller au ciné »
Assez vite, les doutes se sont portés sur Samia et l’une de ses collègues. Elles ont été interpellées lundi 20 septembre. La seconde a finalement été mise hors de cause. Cheveux relevés en chignon, joues rebondies, Samia se tient donc seule dans le box.
Inconnue de la justice, cette jeune fille issue d’une fratrie de cinq enfants, qui travaille depuis ses 16 ans et rêve de devenir agent administratif, raconte avoir commencé à éditer de faux certificats le 12 septembre. « Je l’ai fait pour des proches non-vaccinés. Je voulais pouvoir sortir avec eux, aller au ciné. » Sur son téléphone, des photos de cartes Vitale ont été trouvées. Et puis des messages pouvant laisser penser qu’elle agissait en échange d’argent. « C’était pour blaguer. Je ne me suis jamais fait payer », affirme la prévenue. Les investigations n’ont pas établi le contraire.
À l’écouter, Samia aurait aussi donné un coup de main à un autre contractuel pour créer de faux certificats, mais elle refuse de donner son nom. « On peut passer d’un ordi à l’autre. Personne ne surveille », souffle-t-elle. Quelques minutes plus tard, un représentant de Bordeaux Métropole, qui gère l’administratif du vaccinodrome, l’employait et s’est constitué partie civile, assure pourtant que les contrôles ont été « renforcés » depuis août. « Ces contrôles ont permis que ces agissements soient rapidement décelés », plaide Me Sapata, l’avocat du médecin-référent, également partie civile.
« Une gamine »
« La gamine de 19 ans qui n’a pas réfléchi », comme la décrit son avocate, Me Castex, semble réaliser la portée de ses actes lorsque le procureur prend la parole. Il fustige « des faits inadmissibles » guidés, selon lui, « par l’appât du gain ». Quand il demande une incarcération immédiate, Samia s’effondre en larmes. « Je vais là où le vent me mène. Je suis un peu bête et naïve. Je regrette. »
En plus des 18 mois de prison avec sursis, elle a été condamnée à une interdiction d’exercer une fonction publique pendant cinq ans et à une inéligibilité de deux ans.